Danbé d'Aya Cissoko et Marie Desplechin

Pour finir avec la semaine "Marie Desplechin" organisée par Stephie, je ne peux que clore avec son dernier ouvrage paru avec Aya Cissoko...Danbé. Une rencontre va être organisée par Stéphie au collège...Bravo pour ta détermination et ton enthousiasme pour les élèves...et merci de partager :)
On n'est plus dans la littérature jeunesse et cette écriture à quatre mains m'a très vite emballée...c'est la vie d'Aya qui nous est ici dévoilée.

L'histoire: Aya nous raconte le début de son existence: elle nous présente sa famille et l'histoire de ses parents arrivés du Mali: elle nous montre la vie dans les immeubles surpeuplés, les préjugés et les souvenirs heureux de cette enfance. Peu d'argent, mais beaucoup de souvenirs, délicieux parfois, cruels souvent, à l'image de cet incendie probablement d'origine criminelle qui va littéralement lui faire perdre une partie d'elle-même: son père et sa petite soeur ne s'en sortiront pas. Elevée par sa mère dans le respect du "Danbe" (la dignité), elle va apprendre à surmonter les épreuves qui se présentent à elle. ..et elle trouve un échappatoire dans la boxe, ce sport de garçon. D'entrainements en entrainement, de confiance en souffrances, Aya nous raconte ce bien être ressenti entre les cordes, ses moments de doutes et cette hargne capable de tout ravager sur son passage...y compris les préjugés et les différences. Elle sera sacrée championne du monde de boxe anglaise en 2006 mais ne pourra plus boxer en compétition...De nouveaux défis se présentent alors à Aya qui décide de reprendre des études à Sciences-po.

Mon avis: C'est l'histoire d'une fille qui force le respect pour sa détermination et pour sa foi en l'avenir...quand le passé ne l'a pas épargné. C'est un livre poignant, un témoignage touchant qui ne peut laisser insensible. Ce récit à quatre mains sonne juste, sans misérabilisme, sans apitoiement, sans fard aussi. L'écriture est très humble et ne masque pas la réalité: les immeubles surpeuplés, la difficulté du paris populaire, les dérapages, les incompréhensions de la société et de sa propre famille, les humiliations parfois. Mais on sent au travers de ces lignes d'une grande honnêteté (et parfois d'une grande sensibilité), cette force irrésistible qui pousse Aya à se surpasser dignement et à profiter intensément des personnes que la vie met sur sa route et qui l'aident à avancer et à se (re)construire. Et de finir par ses paroles
"J'aimerai que celle ou celui qui lira ce petit livre mesure ce qu'il a de déchirant. Il est mon au revoir à ceux que je laisse sur le quai (...) Il et mon au revoir à mon enfance de petite fille noire en collants verts, qui dévale en criant les jardins de Ménilmontant."
[Un très beau portrait du frère et de la mère d'Aya, ces femmes qui se battent au quotidien pour l'avenir de leurs enfants sans faillir malgré les embûches, qui débordent d'amour pour leurs enfants même si elles ont parfois des difficultés à le montrer]