mercredi 2 novembre 2011

Tout, tout de suite de Morgan Sportès

Merci à Stéphie pour m'avoir donné envie de lire ce titre (vers lequel je ne me serai jamais tournée), et merci aussi pour le prêt!
Tout, tout de suite de Morgan Sportès chez Fayard: Une lecture "coup de poing!"

L'histoire (4ème de couverture): Ce livre est une autopsie: celle de nos sociétés saisies par la barbarie. En 2006, après des mois de coups tordus et d'opérations avortées une petite bande de banlieue enlève un jeune homme. La rançon exigée ne correspond en rien au milieu plutôt modeste dont ce dernier est issu. Mais le choix de ses agresseurs s'est porté sur lui parce que, en tant que juif, il est supposé riche. Séquestré 24 jours, soumis à des brutalités, il est finalement assassiné. Les auteurs de ce forfait sont chômeurs, livreurs de pizzas, lycéens, délinquants. Certains ont des enfants, d'autres sont encore mineurs. Mais la bande est soudée par cette obsession morbide: "tout, tout de suite". Morgan Sportès a reconstitué pièce par pièce leur acte de démence. Sans s'autoriser le moindre jugement, il s'attache à restituer leur dialogues confondants d'inconscience, à retracer leur parcours de fast-foods en cybercafés, de la cave glaciale où ils retiennent leur otage aux cabines téléphoniques d'où ils vocifèrent leurs menaces, dans une guerre psychologique avec la famille de la victime au désespoir et des policiers que cette affaire, devenue hautement "politique" met sur les dents.

Mon avis: waouh! Peu habituée à lire ce genre de roman-"enquête", le choc fut brutal et la lecture déroutante. Avec méthode, Sportès nous fait entrer dans l'univers de ces jeunes et dans une société dans laquelle ils ne trouvent pas leur place. La société va mal, elle dérive et ce roman retraçe l'histoire terrible du "gang des barbares": la fin est connue: la mort de ce jeune homme assassiné au prix de tortures indicibles. Oui mais? Bien au-delà de cet horrible crime, c'est la dissection d'une société qui est proposée: celle du vide, du néant : le vide dans la vie de ces jeunes, souvent déscolarisés, le vide culturel, immense et semblable à un gouffre, le vide moral , le bien et le mal sont devenus des notions relatives aux situations. La réponse? le vol, l'argent et la violence verbale et physique comme seuls moyens d'expression. C'est une guerre des nerfs perpétuelle dans tous les rapports humains.Fatalité? Angoisse pour l'avenir de nos enfants? Triste constat d'échec? ... Un roman dur mais, à coup sûr, nécessaire.


Challenge 1% de la rentré littéraire proposée par Hérisson 5/7

3 commentaires:

Sara a dit…

Il me fait très envie celui-là même si je vais sans doute attendre un peu avant de me lancer. Cette thématique que tu soulignes autour du vide est intéressante.

Stephie a dit…

Je suis ravie que tu y aies trouvé ton compte, c'est un bouquin coup de poing en effet... si proche de la réalité, malheureusement

Marion a dit…

Ho je crois que c'est toi qui m'a envoyé ce livre! ;-) Je l'ai fait suivre sans le lire, car je l'ai acheté lors de le fête du livre de St Etienne où j'ai pu rencontrer l'auteur! Jespère que ce livre va me plaire